CONTEXTE - Tome 1 : Chaos

La ville de Glasgow est une ville paisible en cette année 2016, troisième plus grande ville du Royaume-Uni et cité au dynamisme économique sans pareil depuis le renouveau industriel et technologique des années 80. Néanmoins, la vie y est loin d’être idyllique. Pourquoi ? Continuez votre lecture, et vous le saurez, si vous osez …

3 avril 2016 – 3h52 – Glasgow. La rue plongée d’ordinaire dans un noir d’encre, seulement éclairée par quelques vieux lampadaires aux globes d’un autre temps diffusant une lumière froide sur les pavés, ne l’était pas cette nuit-là. Une rue habituellement si calme, aux maisons individuelles collés les unes aux autres, au style régulièrement classique, des maisons étroites toutes faites sur un seul et même modèle, et très hautes, avec au moins trois étages, qui cette nuit était le théâtre de la pire des monstruosités. Les policiers en uniforme noir et à la bombe en feutre se pressaient autour des escaliers du n°4 de cette rue. Les lumières rouges et bleues de leurs véhicules réveillaient les voisins tour à tour, qui découvriraient le lendemain dans la presse le meurtre dont leur quartier avait été frappé. Dans cette chambre aux murs crème, où reposait dans un coin un petit arbre fruitier, le pire était survenu. Un homme, semblant avoir une trentaine d’années tout au plus, à la peau clair comme de l’albâtre, aux yeux bleus ciel et aux longues boucles brunes, gisait dans ses draps clairs, qui étaient désormais rouges comme le sang de cet homme. Un homme bien étrange pourtant, peu commun, à voir ses oreilles légèrement pointues, ses mains aux longs doigts, ces dessins bleutés sur sa peau comme un tribal étrange. Oui cet homme était une Fée, mais cela les mortels l’ignoraient. Ils ignoraient que le mort qu’ils venaient de découvrir était Oryon Krön, une Fée d’origine allemande, capable de parler avec les arbres et les fleurs, un homme reconnu pour sa grande gentillesse et sa générosité au sein de son peuple. Ils ignoraient qu’il s’agissait d’un être doué de magie. Mais ce qu’ils voyaient, c’était bien la blessure dont il avait été victime. La Fée, nue, était allongée dans son lit, le torse ouvert comme si un animal sauvage lui avait écartelé les côtes, pour mieux en exposer les entrailles, entrailles qui d’ailleurs n’étaient plus exactement à leur place. Ses intestins sortaient de son abdomen, répandant une odeur nauséabonde dans la chambre. Son cœur avait disparu, et la moitié des autres organes internes avaient été déchiquetés, éparpillés ou mangés en partie. Forcément les policiers penchaient pour un cannibale. Mais les Fées pensaient tout autre chose. Cette blessure ne pouvait être que l’œuvre d’un loup, un lycanthrope. Et désormais, bon nombre de ce Petit Peuple criaient à la trahison et à la vengeance… Mais avaient-ils raison ?

17 mai 2016 – 22h48 – Parvis de l’Eglise de Glasgow.  Qui ne connaissait pas Claire Belhorme ? La fille unique du maire travailliste de Glasgow, Edward Belhorme ? Tout le monde connaissait cette jeune femme, pour sa présence fréquente dans les associations, dans les œuvres de charité et tout simplement pour sa présence aux côtés de son père, l’homme le plus influent de la ville. Et pourtant, ce soir, le cri de cette vieille dame au châle foncé n’était pas une bonne nouvelle. La jeune Claire reposait sur un vieux banc de pierre sur le parvis de l’église de Glasgow, les yeux écarquillés, la peau presque transparente, la gorge ensanglantée. Le légiste était formel quand il s’adressa au maire : la jeune fille avait été vidée de son sang, elle en avait perdu plus de deux litres et ce très rapidement, au point que son cœur n’avait plus réussi à battre et s’était arrêté. Devant cet acte ignoble, le maire de Glasgow avait fait renforcé la sécurité, désormais les policiers patrouillaient aux abords des lieux sensibles toutes les nuits, ce qui déplaisait fortement aux prostitués, aux trafiquants et autre.  L’état de sécurité était à son maximum, et la barbarie du crime avait choqué toute la population. Toute la population humaine, mais pas seulement. En effet, les Chasseurs d’Ombres s’étaient intéressés de très près à cette affaire et en avait conclu la chose suivante : le crime était l’œuvre d’un vampire, d’un suceur de sang qui n’avait pas réussi à s’arrêter à temps pour ne pas tuer sa proie. Le clan des vampires était sous tension, et recherchait le coupable dans ses rangs.

Tous étaient suspicieux envers les loups-garous pour la mort de la Fée, et envers les vampires pour l’homicide de la fille du maire. Mais ce n’était pas le seul problème. Glasgow regroupait une importante communauté d’êtres surnaturels, étant le point névralgique de la magie au Royaume-Uni. La raison ? La présence d’une Porte des Enfers, l’un de ces portails avec le Monde d’en Bas, qui était fermée depuis des siècles maintenant. Ce n’était plus le cas désormais, et cela les Anges l’avaient bien remarqué. La Porte des Enfers avaient été ouverte, et les démons commençaient à déferler sur Glasgow et ailleurs, s’emparant de force de l’esprit de mortels qui n’avaient rien demandé. Les pires créatures que la Terre puissent porter se baladaient désormais en liberté dans les rues, Samaël, le Léviathan, Belzébuth, Béhémot… Ils étaient de nouveau libres, et bien décidés à envahir le monde et le plonger dans le chaos pour se venger de Dieu et de ses Anges. Ces derniers avaient vite remarqué l’anomalie, et ils avaient reçu l’ordre de s’incarner sur Terre pour combattre l’arrivée massive de ces démons. Avec un lourd soupçon … Seules les Fées connaissaient le secret des Portails… Certains Anges pensaient donc que les Fées avaient conclu un marché avec les démons, et les soupçonnaient de trahison. Glasgow devenait de jour en jour une ville où la tension était palpable, chacun soupçonnant chacun. Les créatures magiques n’avaient jamais été si nombreuses et pourtant ….

Et pourtant, ni les Fées, ni les Loups, ni les Vampires n’étaient responsables de cette tension. Non. Tout ceci était l’œuvre des Démons. Ceux-ci par le biais d’un sorcier aux mœurs plus que critiquables, avait installé le doute et le chaos dans l’esprit de beaucoup. C’était ce sorcier, au visage caché par une capuche noire, à la main droite brûlée et à la peau boursouflée, qui avait tué la Fée, usant d’un sortilège démoniaque pour ouvrir ainsi la créature en deux et récupérer son coeur. C’était lui aussi qui avait tué l’innocente, pour recueillir son sang. Ainsi, le sang d’une innocente et le cœur d’un être pur lui permirent de briser le Sceau Démoniaque, laissant le chemin libre aux démons… Un sorcier qui avait accusé les uns et les autres, pour préparer le terrain de ses maîtres ….